jeudi 7 août 2014

Goma : Les civils et militaires unis contre les M23. Derrière les FARDC, la population de Goma est prête aux sacrifices pour la pacification de l’Est de la RDC. Avec les récentes victoires de l’armée loyaliste au front, la confiance qui jadis n’existait plus s’est réinstallée entre civils et militaires.


 (Cet article a été écrit pendant le cessez-le-feu des affrontements entre les FARDC et le mouvement rebelle du M23 avant son éradication complète à Chanzu dans le Rutshuru)

Par bernadette Vivuya

Depuis début septembre 2013, ils se tiennent conjointement à Kampala le dialogue entre gouvernement et la rébellion du M23 et à Kinshasa, la concertation nationale.
Tandis que le gouvernement veut passer par la voie diplomatique pour rétablir la sécurité à l’Est de la République, la population veut poursuivre avec le front pour éradiquer toutes les forces négatives notamment le M23.
Il se remarque de plus en plus un climat de méfiance de la part de la population quant aux multiples dialogues.
« Nous sommes fatigués des dialogues sans issue. Ils se réunissent, oui ; mais la souffrance reste la même et c’est le sang des innocents qui continue à couler. » s’exprime, sourcils froncés, maman Bahati, une habitante de Goma.
«La concertation nationale est bonne pour sortir de la crise. Mais malheureusement, à ce que je sache, tout le monde n’est pas représenté et selon moi, c’est du passe-temps.
Depuis plus de 20 ans, nous sommes en guerre ; les discours sont les mêmes et rien ne change.
On en a assez ! Il est temps d’en finir. Peu importe les conséquences, nous sommes derrière l’armée loyaliste »
déclare, sur un ton révoltant, Byambwera 56 ans, habitant de Goma.
Comment cette confiance s’est-elle tissée

Les militaires Fardc, jadis dédaignés par la population avec la chute de la ville aux mains des rebelles du M23 en Novembre 2012 sont honorés par les mêmes accusateurs.
« En mi-août, alors que le front était encore vif, j’ai eu à transporter sur ma moto six commandos dans trois jours successifs dont l’un allait chercher la collation pour ses confrères. J’ai eu peur des crépitements de balles et détonements de bombes mais l’esprit patriotique m’animait. Nous encourageons notre armée pour bouter dehors l’ennemi », Sadiki jeune motard rencontré au centre-ville.

La guerre ininterrompue a affecté négativement cette population qui, depuis longtemps, a soif de la paix.
Nombreux ont avoué avoir perdu leurs frères et sœurs, l’économie s’est déséquilibrée, la communication avec d’autres parties de la province est coupée à cause de l’insécurité…
Partout ce sont des lamentations et les dialogues ne donnent plus espoir.
Selon eux, le dialogue avec le M23 encouragera d’autres rebellions à rentrer dans la brousse et de passer aux mêmes revendications. La guerre ne se terminera pas alors, mais prendra une autre allure.
Si on éradiquait le M23, les autres finiront par se taire et la paix reviendra.
« Je devrais aller à Kaina pour mon stage, un cadre que j’ai trouvé plus adéquat pour mon apprentissage mais pas de route à cause de l’insécurité.
Si on a peur de la guerre, on continuera à souffrir. On n’a pas d’omelette sans casser les œufs, dit-on.
Nous devons nous battre pour survivre ; pareil à la sélection naturelle d’espèces : une espèce doit se tailler sa place en se mesurant à l’autre »,
Patrick étudiant en médecine.

L'armée aapprécie le courage et la complicité de la population cependant elle appelle celle-ci à se mettre à l'abris.
« Nous sommes contents de l’accompagnement de la population civile dans cette lutte contre les groupes armés ; cependant nous leur demandons de ne pas beaucoup s’approcher de la ligne de front car elle met sa vie en danger.
Nous aurons plus de force en sachant qu’elle est bien à l’abris »,
Olivier Hamuli porte-parole militaire des FARDC.


L’opposition derrière les Fardc ?
« Dans cette période de conflits ; majorité ou opposition, nous nous battons pour une même cause : la paix. Nous devons soutenir l’armée, oui ; mais on ne la soutient pas pour sacrifier nos enfants et frères », Rubens Mikindo de l’UDPS.
Pour lui, contrairement aux pourparlers de Kampala qui ne fait que tourner en rond, la concertation nationale pourrait changer les choses et ramener la paix si toutes les parties présentent ne se voilent pas la face.
« Le M23 s’effacera alors de lui-même si et seulement si le dialogue est franc entre enfants du pays », rencherit-il.


 

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