samedi 23 août 2014

Les journalistes s’unissent pour consolider la paix en RDC.


Une vingtaine des journalistes se réunissent du 22 au 23 Aout 2014 à Goma, chef-lieu de la Province du Nord-Kivu.
Sous l’initiative de l’Action des Journalistes pour la Paix et la Démocratie AJVPD, cet atelier d’échange entre professionnels de média  vise à travailler ensemble pour participer activement à la pacification du pays tout en accroissant le professionnalisme journalistique.

Par Bernadette Vivuya

Dans cette matinée de ce vendredi 22 Aout 2014, le débat avec questions-réponses est très vivant dans la salle.
Ce sont des journalistes venus des deux provinces à l’Est de la RDC notamment le Nord et le Sud-Kivu qui réfléchissent ensemble sur les différents défis liés au métier de la presse surtout celle locale qui, selon les statistiques a perdu sa crédibilité auprès de la communauté locale au profit des médias internationaux.
La situation a transformé l’image de l’Est de la RDC car pour la plus part, l’information est traitée par des personnes qui ne maitrisent pas le terrain.

Bien parler de l’est de la RDC pour la stabilité du pays

« C’est dommage que tous les experts pour le Congo soient de non-congolais qui ne maitrisent pas la réalité sur terrain », s’indigne Onesphore Sematumba, analyste politique à Pole Institute parmi les organisateurs de l’atelier.
« Nous sommes très limités dans la fouille de l’information car pas de moyens adéquats pour un travail de qualité », Germaine Mbayo, journaliste de la Radiotélévision Nationale Congolaise/ RDC-Beni.
Depuis les différentes guerres, plusieurs médias surtout internationaux  n’ont diffusé que de reportages liés à la violence sans tenir compte des différents efforts des Congolais, ce qui a et continue de dramatiser et de stigmatiser la zone de l’Est de la RDC.
Plusieurs problèmes évoqués en travaux en carrefours ont révélé les conditions de travail qui ne sont pas adéquates, ce qui ne permet pas d’avoir une production de qualité.

La crédibilité des medias internationaux, un défi pour la presse locale ?

Plusieurs défis relevés sont liés à la crédibilité des médias locaux perdue au profit des medias internationaux. Le comble reste résumé en traitement de l’information qui ne répond pas vraiment aux besoins de la population ; cette dernière se trouve alors désintéressée.
« La maison de presse devra s’investir en Eglise au milieu du village », a suggéré Michandella Séraphine de la voix de l’Université Catholique du Graben de Butembo dans le Nord de la Province du Nord-Kivu.
Pour elle, le journalisme s’accompagnera de la communication pour le changement de comportement pour rapprocher plus les communautés et ainsi cultiver la cohabitation pacifique.
Plusieurs activités seront menées dans les jours post atelier ; le but est de répondre au besoin de la population, une collaboration qui devra rester permanente et active pour plus de crédibilité et une image alternative à l’Est de la RDC longtemps meurtri par la guerre.

jeudi 7 août 2014

Goma : Les civils et militaires unis contre les M23. Derrière les FARDC, la population de Goma est prête aux sacrifices pour la pacification de l’Est de la RDC. Avec les récentes victoires de l’armée loyaliste au front, la confiance qui jadis n’existait plus s’est réinstallée entre civils et militaires.


 (Cet article a été écrit pendant le cessez-le-feu des affrontements entre les FARDC et le mouvement rebelle du M23 avant son éradication complète à Chanzu dans le Rutshuru)

Par bernadette Vivuya

Depuis début septembre 2013, ils se tiennent conjointement à Kampala le dialogue entre gouvernement et la rébellion du M23 et à Kinshasa, la concertation nationale.
Tandis que le gouvernement veut passer par la voie diplomatique pour rétablir la sécurité à l’Est de la République, la population veut poursuivre avec le front pour éradiquer toutes les forces négatives notamment le M23.
Il se remarque de plus en plus un climat de méfiance de la part de la population quant aux multiples dialogues.
« Nous sommes fatigués des dialogues sans issue. Ils se réunissent, oui ; mais la souffrance reste la même et c’est le sang des innocents qui continue à couler. » s’exprime, sourcils froncés, maman Bahati, une habitante de Goma.
«La concertation nationale est bonne pour sortir de la crise. Mais malheureusement, à ce que je sache, tout le monde n’est pas représenté et selon moi, c’est du passe-temps.
Depuis plus de 20 ans, nous sommes en guerre ; les discours sont les mêmes et rien ne change.
On en a assez ! Il est temps d’en finir. Peu importe les conséquences, nous sommes derrière l’armée loyaliste »
déclare, sur un ton révoltant, Byambwera 56 ans, habitant de Goma.
Comment cette confiance s’est-elle tissée

Les militaires Fardc, jadis dédaignés par la population avec la chute de la ville aux mains des rebelles du M23 en Novembre 2012 sont honorés par les mêmes accusateurs.
« En mi-août, alors que le front était encore vif, j’ai eu à transporter sur ma moto six commandos dans trois jours successifs dont l’un allait chercher la collation pour ses confrères. J’ai eu peur des crépitements de balles et détonements de bombes mais l’esprit patriotique m’animait. Nous encourageons notre armée pour bouter dehors l’ennemi », Sadiki jeune motard rencontré au centre-ville.

La guerre ininterrompue a affecté négativement cette population qui, depuis longtemps, a soif de la paix.
Nombreux ont avoué avoir perdu leurs frères et sœurs, l’économie s’est déséquilibrée, la communication avec d’autres parties de la province est coupée à cause de l’insécurité…
Partout ce sont des lamentations et les dialogues ne donnent plus espoir.
Selon eux, le dialogue avec le M23 encouragera d’autres rebellions à rentrer dans la brousse et de passer aux mêmes revendications. La guerre ne se terminera pas alors, mais prendra une autre allure.
Si on éradiquait le M23, les autres finiront par se taire et la paix reviendra.
« Je devrais aller à Kaina pour mon stage, un cadre que j’ai trouvé plus adéquat pour mon apprentissage mais pas de route à cause de l’insécurité.
Si on a peur de la guerre, on continuera à souffrir. On n’a pas d’omelette sans casser les œufs, dit-on.
Nous devons nous battre pour survivre ; pareil à la sélection naturelle d’espèces : une espèce doit se tailler sa place en se mesurant à l’autre »,
Patrick étudiant en médecine.

L'armée aapprécie le courage et la complicité de la population cependant elle appelle celle-ci à se mettre à l'abris.
« Nous sommes contents de l’accompagnement de la population civile dans cette lutte contre les groupes armés ; cependant nous leur demandons de ne pas beaucoup s’approcher de la ligne de front car elle met sa vie en danger.
Nous aurons plus de force en sachant qu’elle est bien à l’abris »,
Olivier Hamuli porte-parole militaire des FARDC.


L’opposition derrière les Fardc ?
« Dans cette période de conflits ; majorité ou opposition, nous nous battons pour une même cause : la paix. Nous devons soutenir l’armée, oui ; mais on ne la soutient pas pour sacrifier nos enfants et frères », Rubens Mikindo de l’UDPS.
Pour lui, contrairement aux pourparlers de Kampala qui ne fait que tourner en rond, la concertation nationale pourrait changer les choses et ramener la paix si toutes les parties présentent ne se voilent pas la face.
« Le M23 s’effacera alors de lui-même si et seulement si le dialogue est franc entre enfants du pays », rencherit-il.